Dans ses paysages synthétiques, présentés à ses premières expositions de Bucarest, Paulina Mihai s’est affirmé comme un tempérament fougueux, qui suggérait plus qu’elle ne représentait les éléments de la réalité. Sa vision était vaste, le ciel couvrait souvent plus de la moitié de la toile et ses notations étaient sommaires, décidées, vibrantes, réduites à quelques lignes d’un dynamisme qui correspondait à la vivacité des couleurs.

Son contact avec l’art de l’Occident, surtout depuis qu’elle s’est établie à Berlin-Ouest en 1981, a permis à Paulina Mihai de prendre son essor et de trouver, en toute liberté, sa propre voie. Sa peinture est devenue informelle, refusant toute référence à une donnée de la réalité extérieure et à ses apparences, mais construisant l’image dans le cadre d’une structure cohérente. Son langage est devenu plus ferme, avec des accords en sourdine de couleurs ton sur ton, avec une valorisation du noir qui cerne les contours et surtout avec un mouvement et un rythme qui créent le vrai climat de ses compositions. En intitulant la plupart de ses tableaux “Compositions”, Paulina Mihai a voulu souligner probablement le caractère musical de sa nouvelle manière de peindre, qu’un critique d’art allemand a défini comme “une peinture rythmique”. Il faut comprendre ce caractère musical non pas en sens “mélodique”, parce que la musique moderne a renoncé à la mélodie, pour lui substituer le rythme. La peinture de Paulina Mihai peut être considérée comme ayant un caractère musical par l’importance du rythme dans la composition, par la sonorité des couleurs et par le dynamisme des traits noirs spontanément superposés comme des contrepoints sur les fonds coloriés. C’est justement ce dynamisme et cette spontanéité qui définissent l’étape actuelle de la peinture de Paulina Mihai, qui exprime la vision originale d’une forte personnalité artistique, correspondant aux mouvements avancées de la peinture contemporaine.

lonel Jianou

Les Artistes Roumains en Occident
Anthologie rédigée par lonel.Jianou, Gabriela Carp, Ana Maria Covrig, Lionel Scantéyé
Los Angeles, American Romanian Academy of Arts and Sciences 1986
Copyright beim Autor